Jérôme Despey: « malheureusement à nouveau, ce sont les évènements climatiques, la nature, qui va permettre de réguler notre offre ! ».

Jérôme Despey, président du conseil spécialisé vins de France Agri Mer, a confirmé mardi 4 septembre la faiblesse de la récolte estimée de vin en France pour 2012. Avec 42,5 millions d'hectolitres (contre 51 en 2011), il faut remonter à 1991 pour atteindre un palier aussi bas, en raison d'aléas climatiques (gel, grêle), de millerandage et de maladies cryptogamiques qui ont touché tous les bassins.

Alors que dans le même temps, l'Espagne (40 millions d'hectolitres comme en 2011), l'Italie (36 Mhl contre une moyenne de 50!) et le Nouveau Monde dans son ensemble (42 Mhl au lieu de 50) connaissent eux aussi des récoltes faibles, et que la consommation mondiale continue à progresser, du point de vue des prix « il n'y a pas de raison objective qu'il y ait de tensions sur le marché, la situation devrait plutôt bouger à la hausse ». A titre d'exemple pour lui, en IGP, les blancs de chardonnay devraient passer de prix compris entre 85 et 90 €/hl à une fourchette de 95 à 100€/hl, et en rouge et rosé, aucune transaction ne devrait se faire en dessous de 75€/hl.

Ces anticipations, qui devraient être précisée dans les jours à venir avec les différentes interprofessions françaises sous formes d'orientations de prix, sont en fort contraste avec la situation du début du mois de juillet, époque où le négoce poussait plutôt à la baisse des prix au vu des stocks de l'année précédente, en jouant par exemple de retiraisons lentes. Ces difficultés se sont progressivement résorbées, et les metteurs en marché se rapprochent à présent de la production, peut-être en prévision d'approvisionnements difficiles.

Jérôme Despey regrette cette situation : « malheureusement à nouveau, ce sont les évènements climatiques, la nature, qui va permettre de réguler notre offre ! ». Et de rappeler que « cette filière a besoin, sur l'ensemble de la segmentation, d'avoir des stratégies de contractualisation avec les principaux opérateurs, allant jusqu'à l'affectation parcellaire, parce qu'il faut pouvoir encadrer l'ensemble des segments. Il faut aller plus loin que la gestion de la filière viticole uniquement sur l'aspect des replis des surplus des AOP et IGP pour alimenter les VSIG ». En ligne de mire, le contrat pluriannuel de l'Anivin, dont l'avenir dira s'il est massivement ou pas adopté.

Si les prix augmentent, ils n'augmenteront cependant pas assez pour compenser la baisse de récolte, « ce qui va amener des tensions dans la trésorerie chez les viticulteurs », en raison de l'incompressibilité des charges, voire de leur augmentation relative, par exemple en raison de l'importance des traitements cette année.

Jérôme Despey a abordé ce problème lors de sa récente rencontre avec le ministre Stéphane Le Foll, demandant la mise en place de dispositifs d'allégements de taxes sur le foncier non bâti, de cotisations sociales, d'aides au financement des stocks (par exemple par relogement via la location de cuveries), qu'elles soient publiques, ou qu'elles soient fournies par les banques. Plus en aval dans la filière, Jérôme Despey ne prévoit pas d'augmentation de prix au consommateur final, « après une augmentation de 10 à 15% l'année dernière », et parce que selon lui, si les négociants ont des stocks très faibles aujourd'hui, ce n'est pas le cas de la grande distribution. Un état de fait qui l'incite encore une fois à demander plus de concertation stratégique dans la filière, y compris en incluant les distributeurs.

Source:http://www.vitisphere.com